Hébergement et restauration
« Pertes importantes. Reprise lente. Fermetures possibles. » Voilà le diagnostic posé par l’Institut du Québec après avoir fait l’analyse du nombre de pertes d’emplois enregistrées dans ce secteur, qui a été touché par l’absence de touristes internationaux et par la fermeture des salles à manger. La restauration et l’hôtellerie ont perdu 137 000 emplois au plus fort de la crise. En juillet, période où de nombreux Québécois en vacances ont commencé à sillonner la province et où les restaurateurs ont recommencé à accueillir des clients, « ce secteur [était] toujours à court de 56 500 emplois par rapport à février, une perte de 21 % », rapporte le document. « Il y a eu de la lumière au bout du tunnel un peu pendant l’été [pour les restaurants], souligne Jean-Guy Côté, directeur associé à l’Institut du Québec, au cours d’un entretien téléphonique avec La Presse. C’est un secteur qui a pu profiter du beau temps. Mais l’automne, c’est plus difficile d’être sur la terrasse. Donc, comment ce secteur-là va s’en sortir avec moins d’espace en pieds carrés ? Avec moins d’espace, moins de clients, avec moins de clients, moins d’employés. »
Distanciation physique et PCU
Les deux mètres de distanciation physique notamment imposés aux restaurants, qui ont vu en moyenne leur capacité d’accueil réduite de moitié, nuisent à la reprise dans ce secteur. « Il y a vraiment des questions sur le moyen terme pour cette industrie-là, tant qu’on va être dans un contexte où il y a de la distanciation sociale, soutient M. Côté. Ça, c’est vraiment un gros point d’interrogation. » Dans le rapport, on tient à rappeler que d’autres pays ont imposé des règles moins strictes que le Québec à cet égard. « Par exemple, la norme de distanciation est de 1 mètre en France et en Italie, et de 1,5 mètre en Allemagne. Ces pays imposent également des conditions moins contraignantes qu’au Québec pour certains types d’établissements, comme les restaurants et les cafés, ainsi que pour les manifestations culturelles. » Si le rapport se défend bien de dire au gouvernement d’emboîter le pas à ces pays, on recommande qu’il « suive de près les expériences d’autres pays dans leurs efforts pour concilier la lutte à la pandémie et le retour graduel à une vie sociale et économique ». Par ailleurs, mise en place par le gouvernement fédéral au début de la crise, la Prestation canadienne d’urgence (PCU) pourrait maintenant nuire à une certaine reprise, note-t-on. « Dans certains secteurs, la PCU pourrait être un frein, admet sans détour M. Côté. Il y a certains secteurs qui ont des besoins en ce moment. On parle du secteur manufacturier, de la construction. Un redéploiement de la PCU vers quelque chose de plus ciblé serait peut-être plus logique. »
Source : LaPresse+