Un article de Marie Pâris, publié dans HRIMag
Alors que la pandémie surcharge les hôpitaux dans plusieurs régions du Québec et rend difficile l’isolation des personnes contaminées ou non par la COVID-19, certains établissements hôteliers prêtent main forte en allouant leurs espaces peu ou pas utilisés à des CIUSSS ou CISSS. C’est le cas par exemple du Château Madelinot, aux Îles-de-la-Madeleine, dont une partie est devenue un site de soins de santé temporaire dédié à des aînés. Cette transformation en « site d’hébergement non-traditionnel », comme on les appelle, a permis de répondre aux besoins de la population locale en attendant l’ouverture de lits de CHSLD, prévue à l’hiver 2021.
À Québec, un centre de convalescence a été installé en avril à l’Hôtel Le Concorde. Un changement de vocation qui n’est pas sans exiger une certaine réorganisation.
Réorganiser la circulation
L’expérience a été beaucoup plus positive pour l’Hôtel Plaza de Valleyfield, qui a pour sa part accueilli des personnes contaminées à la COVID-19 d’avril à mi-juillet. « Le centre de santé m’a contacté, et ensuite on a travaillé ensemble pour créer un site non-traditionnel d’hébergement dans nos locaux, explique Trevor Cool, directeur général de l’établissement. C’était une collaboration au quotidien : les équipes de santé me disaient ce qu’elles faisaient, et moi j’essayais de rester le plus possible ouvert et flexible. Dans le coin il y a un hôtel et un hôpital majeur pour la région ; je suis donc toujours en bonne liaison avec l’hôpital, et c’était naturel pour moi de contribuer à la communauté en ce moment de crise. »
Si l’hôtel au complet est réservé, le centre de santé n’utilise que trois étages au plus fort de la pandémie, pour une cinquantaine de patients simultanément. Les chambres sont réaménagées en n’y gardant que quelques meubles et en amenant des lits d’hôpital. Les couloirs sont réorganisés pour une circulation à sens unique, et des entrées sont réservées aux patients positifs à la COVID-19. « La particularité de notre hôtel, c’est son plan, qui a beaucoup aidé, indique Trevor Cool. On a un centre de conférence avec plusieurs entrées : une porte d’entrée, une porte qui relie au centre de bureaux, une porte souterraine, une porte qui mène directement à la cuisine, etc. Toutes ces entrées ne se retrouvent pas souvent dans un hôtel traditionnel. »
« L’important, c’est de savoir penser différemment »
Certains employés de l’hôtel ont décidé de rester travailler pour le centre de santé pendant cette période, notamment au service de ménage et de repas. Une belle opportunité pour le directeur, content de ces créations d’emploi. En plus des étages de l’établissement consacré à l’accueil des patients, une clinique de dépistage à l’auto est mise en place dans le stationnement de l’Hôtel Plaza.
À la mi-juillet, l’hôtel reprend sa fonction originelle et accueille les touristes et travailleurs. Trevor Cool, qui se trouve plutôt chanceux, indique que l’été et l’automne ont été très bons malgré la situation. Dans son équipe, aucun cas de COVID-19 n’a en outre été relevé ; « moi je ne l’ai pas eu non plus, alors que j’étais à l’hôtel tous les jours pendant sa conversion en site d’hébergement non-traditionnel », note le directeur.
Le succès de cette collaboration avec la Santé publique, il attribue en partie aux personnalités « ouvertes, créatives et flexibles » avec lesquelles il a travaillé. « On est un hôtel, pas un hôpital ; il y a des choses qu’on peut changer et d’autres non. L’important, c’est de savoir penser différemment. » Ces trois mois durant lesquels l’Hôtel Plaza a changé de vocation ont été selon Trevor Cool une collaboration très positive. « Au bout du chemin, on a sauvé des vies. Je suis aussi très fier qu’on ait pu contribuer à notre région, conclut-il. Le centre de santé sait qu’on reste toujours prêts à l’assister ; au moment où on se parle, redevenir un site d’hébergement non-traditionnel est encore une option pour nous… »