Par Alain Girard, le 2 février 2019
La sortie, il y a quelques mois, de Peter Simons contre les entreprises étrangères qui vendent des produits et services au Québec sans percevoir les taxes à la consommation avait fait beaucoup de bruit, non seulement à cause de l’excellente réputation de ce bâtisseur d’ici, mais aussi parce qu’il réclamait haut et fort, sur plusieurs tribunes, un traitement équitable pour les entreprises canadiennes et québécoises. Et voilà qu’il y a quelques semaines, Christiane Germain, une autre personnalité d’affaires, hôtelière de renom, en remettait en dénonçant la concurrence déloyale d’Airbnb.
L’entreprise Simons et les hôtels du Groupe Germain, en assumant pleinement leurs responsabilités de citoyens corporatifs et en contribuant, par leurs impôts et les taxes perçues, au financement des services offerts à tous les citoyens québécois par nos gouvernements fédéral, provincial et municipaux, sont des interlocuteurs on ne peut plus crédibles.
Fiscalement responsable
Comme le signalait récemment et si justement Francis Vaille, journaliste économique à La Presse, « le Québec n’est ni plus ni moins qu’un cinquième pays nordique à la scandinave, où le bien commun demeure toujours au centre de nos actions. On y paie certes plus d’impôts, mais en contrepartie, nous avons une société plus équitable, moins violente ».
Nous sommes effectivement privilégiés de vivre dans une province plus égalitaire et une ville sécuritaire qui offre une très belle qualité de vie. Nous pouvons en être fiers. Et parlant de fierté, après avoir affiché fièrement que l’Hôtel Château Laurier Québec est un établissement « francoresponsable », je suis tout aussi fier d’affirmer qu’il est en plus un hôtel « fiscalement responsable ». Comme hôtelier, en plus de percevoir la TPS, la TVQ, et la taxe d’hébergement, nous assumons notre lot d’impôts, de même que de nombreuses taxes et tarifs imposés par la municipalité. Et tout ce que les citoyens et entreprises québécoises paient en impôts et taxes contribue justement à garantir à la collectivité une gamme élaborée de programmes et de services publics.
Le beurre et l’argent du beurre
Comme le dit si bien la maxime, on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre. Et pourtant, c’est bel et bien ce que les entreprises de l’économie numérique comme Facebook, Google, Airbnb et Uber, réussissent à faire jour après jour, au vu et au su des gouvernements. Airbnb, à titre d’exemple, perçoit des sommes importantes en frais de service, sans avoir à investir en immobilisations et entretien d’un parc hôtelier. Et ils profitent en plus de tous les efforts consentis par notre Office du tourisme et ses entreprises partenaires dans le développement et la promotion de notre destination. Ces efforts ont permis à Québec et à sa région de devenir une destination de grande qualité dont la notoriété dépasse largement nos frontières. Au moment d’écrire ce texte, il y avait plus de 300 offres sur le site d’Airbnb pour la deuxième et dernière fin de semaine du Carnaval de Québec. Il serait normal que ceux et celles qui publient ces offres aient les mêmes obligations fiscales que les hôteliers qui ont, en plus, contribué financièrement à la promotion de la destination et de cet évènement.
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Et maintenant?
Face à ces méga entreprises de l’économie numérique, obtenir un traitement juste et équitable sera sûrement ardu. Il y a définitivement loin de la coupe aux lèvres. Mais est-ce une raison pour baisser les bras et mettre en péril la santé économique de nos entreprises, qu’elles soient touristiques, médiatiques ou du commerce de détail?