Un article de Mme Jacinthe Trudeau publié dans La Tribune du 23 janvier 2021.
Après deux ans de travaux et une cure de rajeunissement de 10 millions $, le Delta Sherbrooke espérait une année 2020 exceptionnelle pour son hôtel et son centre de congrès.
Avec la pandémie dans le portrait, ç’a plutôt été une succession de reports et d’annulations. Pas de congrès, pas de bals de finissants, pas de mariages, pas de partys de Noël. Heureusement la clientèle d’affaires est là, dans les limites des entreprises et commerces essentiels bien sûr, et le centre de congrès innove en vue d’adapter son offre à la réalité de 2021.
« On s’attendait à ce que 2020 soit notre meilleure année des cinq à six dernières années, reconnaît le directeur des opérations Jacques-Philippe Morin. Malheureusement, ça n’aura pas été le cas, mais on est très fiers du produit qui a été mis en place et on a une très belle réceptivité de notre clientèle qui a eu la chance de revenir jusqu’à maintenant. »
En termes d’achalandage depuis la période des Fêtes et alors que la région est en zone rouge depuis novembre, l’hôtel de la rue King Ouest enregistre entre 20 et 30 chambres par soir en semaine.
« C’est sûr que les week-ends sont beaucoup plus tranquilles puisque les familles ne sont pas portées à se déplacer actuellement pour des week-ends d’agrément. Mais on a la chance d’avoir plusieurs travailleurs de plusieurs domaines d’activités qui sont considérés services essentiels qui sont dans la région pour de longues périodes, donc on a beaucoup de longs séjours qui nous permettent d’avoir une base intéressante et de sécuriser un minimum de revenus », explique M. Morin.
En deux ans, le Delta Sherbrooke, propriété de Marriott International depuis 2015, aura refait l’ensemble de ses 178 chambres et suites, ainsi que ses espaces publics, dont l’imposant lobby et les salles de réunion. Il ne reste en chantier que le resto-bar et le gym, qui sont de toute façon fermés au moins jusqu’au 8 février suivant les directives de la santé publique en lien avec la COVID-19.
« C’est le premier projet de rénovation majeur depuis la construction en 1989, donc c’est certain que c’était très attendu autant par les employés que par l’équipe de direction, commente M. Morin. Ça nous amène une certaine motivation, parce qu’on est très fiers de notre nouveau produit. Je pense aussi que ça nous donne un avantage compétitif d’avoir remis l’hôtel au goût du jour. »
Pour arriver à livrer des espaces impeccables et créer un effet wow à la réouverture, le Delta avait prolongé la fermeture imposée à tous les hôtels lors de la première vague de la pandémie. Il a finalement rouvert ses portes à la mi-août, après quatre mois et demi de fermeture.
L’automne a vu revenir les voyageurs et un peu de volume d’affaires local, mais janvier et son reconfinement font la vie dure aux hôteliers.
« Ce n’est pas notre période la plus lucrative, mais si on compare avec de grandes villes qui dépendent plus de l’international que nous, on réussit à garder une meilleure base d’occupation quotidienne », constate le directeur des opérations qui parle régulièrement avec d’autres gestionnaires de l’industrie.
Innover pour survivre
En réaction à la baisse d’activités dans le secteur et puisqu’on ignore encore de quoi 2021 sera fait en terme de rassemblements, Jacques-Philippe Morin assure que le Delta travaille à développer des alternatives pour attirer la clientèle, faire travailler ses employés et générer des revenus pour l’entreprise.
C’est avec cette idée en tête qu’est née l’idée d’un studio permanent aménagé dans la grande salle de bal pour permettre d’organiser des évènements virtuels ou hybrides.
À cet endroit, leur partenaire, l’entreprise sherbrookoise Audiovisuel Collins (voir autre texte), a installé l’équipement nécessaire pour tenir des conférences exclusivement en web diffusion sur internet, mais dans un espace pouvant éventuellement accueillir aussi un public en présentiel quand cela sera permis.
« C’est une option pour permettre à nos gros évènements qui étaient prévus cette année, ou certains évènements qui ont été reportés de 2020 à 2021, de se tenir quand même, mais sous une autre forme », espère M. Morin.
L’option hybride est prometteuse pour les congrès et évènements, selon lui, autant pour tenir compte des restrictions de rassemblements avec la distanciation physique que des restrictions de déplacements interrégionaux ou internationaux, puisque tout cela risque de perdurer pour plusieurs mois encore.
« Notre studio, estime Jacques-Philippe Morin, c’est du long terme. Parce que ce qu’on voit, c’est une demande pour le virtuel et l’hybride pour une très grande partie de l’année. Donc on voit cette installation rester jusqu’à la fin 2021. 2022, c’est évidemment trop loin pour savoir à quoi ça va ressembler. »
