L’industrie hôtelière se sent abandonnée par le gouvernement et craint plusieurs fermetures d’établissements, au cours des prochains mois, si aucun coup de pouce financier n’est rapidement offert. Le secteur touristique réclame 550 millions $ pour aider ses entreprises.
Mardi, l’Association hôtellerie Québec (AHQ), qui représente environ 500 hôtels à travers la province, a transmis une lettre au gouvernement Legault pour lui faire part de ses inquiétudes. Les hôteliers ont déjà subi une perte de plus de 90 % de leurs revenus comparativement à l’an dernier.
Il faut dire que le secteur hôtelier a été l’un des premiers touchés par la pandémie avec la fermeture des frontières. Devant l’incertitude entourant la saison touristique, les pertes financières des établissements pourraient encore se prolonger durant plusieurs mois. L’AHQ estime que la reprise des activités, comme avant la COVID-19, pourrait prendre plus de deux ans.
Dans la missive envoyée au gouvernement, dont Le Journal a obtenu une copie, l’AHQ rappelle que son industrie génère autant d’emplois que le Mouvement Desjardins, trois fois plus que Bombardier, et dix fois plus que le Cirque du Soleil. L’association mentionne que son secteur d’activités est, lui aussi, actuellement «aux soins intensifs de l’économie».
«Les hôteliers et les propriétaires d’établissements d’hébergement touristique supportent plus de 42 000 emplois et génèrent des retombées économiques de près de 2 milliards $, dont plus de 330 millions $ constituent des recettes fiscales pour l’État», fait valoir le président de l’AHQ, Dany Thibault.
«Il nous apparaît ainsi incompréhensible que nous soyons les derniers à mériter votre attention, alors que nous sommes restés services essentiels», poursuit celui qui prévoit une saison touristique difficile cet été. Il estime que les hôtels vont rouler avec un taux d’occupation d’environ 15 à 20 %.
Des 550 millions $ réclamés par l’industrie touristique, l’AHQ estime qu’environ 370 millions $ devront servir à soutenir les hôteliers, dont certains ne savent même pas encore «s’ils pourront rouvrir en 2020», dit M. Thibault. L’argent servirait notamment à soutenir leurs frais fixes, comme les taxes, les assurances et l’électricité.
Plusieurs ont été contraints d’annuler une partie de leurs banquets pour l’été, notamment des mariages. Le tourisme d’affaires est aussi sur pause.
«Les entrepreneurs hôteliers et les propriétaires d’établissements d’hébergement touristique sont à bout de souffle et la pression sur leurs liquidités est immense», avance M. Thibault, estimant que plusieurs régions pourraient souffrir de la fermeture définitive d’hôtels.
En ce moment, ce sont environ 63 % des hôteliers au Québec qui ont pris la décision de suspendre leurs activités. Environ 28 000 travailleurs dans cette industrie sont présentement au chômage.
Le Québec compte près de 1400 établissements hôteliers.
Source : Le Journal de Québec