Ce texte d’André Lavoie fait partie du dossier spécial Le Devoir paru le 12 octobre 2019.
Les chiffres ne mentent pas et donnent la juste mesure de ce que l’on pourrait surnommer « l’effet Montréal » dans le marché compétitif des congrès internationaux.
En 2018, l’Union des associations internationales recensait 108 congrès d’envergure dans la métropole, en première position devant d’autres villes du continent américain comme New York (57), Washington (39) ou Buenos Aires (38). Le même constat spectaculaire a été établi par l’International Congress and Convention Association dans son palmarès annuel : pour une troisième année consécutive, Montréal figure au premier rang des destinations les plus prisées dans le monde parmi les villes de l’Amérique du Nord. Et pour la période s’étendant du 1er avril 2018 au 31 mars 2019, ce sont 909 000 personnes qui ont franchi les portes du Palais des congrès de Montréal, dont plusieurs de l’extérieur de la ville, qui ont réservé plus de 140 000 nuitées dans les hôtels des environs.
Ces statistiques, loin du discours pessimiste sur la ville nourri parfois par les Montréalais, réjouissent les acteurs du milieu touristique de la métropole. « Nous sommes bons pour nous lancer des pierres », constate Yves Lalumière, président-directeur général de Tourisme Montréal. Celui qui se prépare fébrilement à célébrer le centenaire de l’organisation qu’il dirige depuis 2013 regrette que « les Montréalais ne voient pas à quel point leur ville possède une grande réputation internationale ».
Un lieu d’exception
Pour expliquer la force d’attraction de Montréal comme lieu d’exception pour tenir des congrès internationaux, la question du taux de change était parfois la réponse facile à donner. « Mais la grande majorité des touristes l’ignorent, souligne Yves Lalumière. Ils le remarquent souvent seulement lorsqu’ils reçoivent leur compte de carte de crédit ! » Si Montréal se distingue dans un monde « où les villes sont de plus en plus attirantes et les destinations touristiques, de plus en plus nombreuses », c’est d’abord grâce à son accessibilité. « Depuis cinq ans, on compte 35 nouvelles destinations à partir de l’aéroport de Montréal », dit le p.-d.g. de Tourisme Montréal. Des vols directs vers l’Amérique, mais aussi vers l’Europe et l’Asie, favorisent l’augmentation du nombre de touristes, et aussi de délégués à des congrès et à des évènements de toutes sortes.
Robert Mercure, président-directeur général du Palais des congrès de Montréal, reconnaît aussi que ses concitoyens « sont très durs à l’égard d’eux-mêmes ». « Notre ville est belle, sécuritaire, tolérante, inclusive, et certainement une des plus internationales de l’Amérique du Nord », souligne l’ancien directeur du Fairmont Le Château Frontenac à Québec.
À la tête de ce vaste lieu de verre et de béton, Robert Mercure entend bien continuer à faire grandir le Palais, dont la situation géographique, en plein coeur de Montréal, représente un autre atout précieux. Déjà à la tâche pour concrétiser les projets d’agrandissement de l’édifice – la dernière transformation spectaculaire, et colorée, remonte à 2002 -, le p.-d.g., qui en ce moment a « le luxe de refuser des congrès », ne peut se reposer sur ses lauriers. « Nous n’avons pas l’argent de Dubaï ou de Shanghai pour nos centres de congrès, mais nous avons un vaste réseau de talents capables de répondre aux attentes des clients de l’avenir. »
Photo: Mathieu Dupuis / Tourisme Montréal Si Montréal se distingue, c’est d’abord grâce à son accessibilité.